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Comment prévoir son voyage en Arménie ?

August 2020

Prévoir son voyage en Arménie peut être important pour la plupart d’entre nous. Car, suivant la saison, les possibilités d’hébergement, les conditions de transport et d’accès peuvent être limitées, difficiles voire impossibles. Suivant la durée de votre séjour, il vous faudra planifier au mieux votre voyage en Arménie.

Pour ma part, ce trip en Arménie n’a fait l’objet d’aucune préparation car mon séjour devait au départ se limiter au délai d’obtention d’un visa auprès de l’ambassade d’Iran. Le COVID en a décidé autrement !

L’Arménie en dehors d’Erevan

Erevan n’a pas la prétention fallacieuse d’être une capitale moderne et avant-gardiste mais il faut reconnaître qu’elle intègre, petit à petit, les conséquences d’une urbanisation en progrès. Les 2/3 de la population totale arménienne sont regroupés dans et autour de la capitale, amplifiant les problèmes de gestion urbaine (eau, assainissement, gestion des déchets, infrastructures routières et transports collectifs) qui sont donc autant de défis au quotidien.

L’expansion importante de la ville se fait de surcroît au détriment de toutes les autres régions du pays. Chaque modeste ville ou village se dépeuple inexorablement depuis plusieurs années, créant ainsi une émigration constante, soit vers la capitale du pays soit vers l’étranger.

Comment voyager en Arménie?

Pour voyager en Arménie, vous pouvez soit prendre un chauffeur (à la journée ou à la semaine), soit louer un véhicule et le conduire vous-même, ou n’utiliser que les « bus locaux », ce qui deviendra alors une aventure dans l’aventure mais probablement hyper enrichissante !

Bloqué à Erevan pendant de longs mois par l’épidémie de COVID19, j’ai dès que possible voulu découvrir le reste de l’Arménie. Sans transports collectifs appropriés, la solution la plus adéquate était donc de louer un véhicule (Info pratique : Sixt - de 100 EUR par semaine pour un véhicule neuf Renault, grâce à une réduction spéciale COVID19 de 50%).

La situation géographique centrale d’Erevan aidant, il est facile de « voyager en étoile » c’est-à-dire de partir le matin vers un site choisi puis de revenir le soir même à Erevan pour y dormir. Les rares hôtels ou endroits pour dormir hors de la capitale étant tous fermés pendant cette période d’épidémie, mon choix se révélera complètement approprié et judicieux.

L’état des rues au sein de la cité est acceptable, même s’il peut manquer, parfois, quelques plaques d’égouts notamment dans la zone plus industrielle au sud de la gare des trains (plaques d’égouts probablement subtilisées par des ferrailleurs locaux selon les témoins de mon l’accident, qui ressemblaient eux-mêmes à des ferrailleurs du quartier !) : Note pour moi-même : ne plus faire le fou en vélo si la visibilité est médiocre et rester prudent en toutes occasions, même quand je suis grisé par la vitesse de mon pédalage !

Cette relative qualité des axes urbains se limite aux 10 kilomètres autour de la capitale et ne concerne que mon séjour à Erevan : au-delà, il est nécessaire d’être extrêmement vigilant car l’asphalte, dégradé par un hiver rigoureux et par un été extrêmement chaud, sera parfois aléatoire voire inexistant. De plus, la conduite aventureuse et approximative de la plupart des usagers de la route et l’état pitoyable voire désastreux de certains véhicules, ne peuvent qu'inviter à la plus constante concentration, lors de vos déplacements et vos voyages à travers l’Arménie.

La sélection de quelques journées de visites à partir de Erevan puis quelques explications personnelles de mes ressentis lors de mon voyage à Erevan et en Arménie, complèteront mon carnet de voyage en Arménie.

Je n’ai aucunement la prétention de relater ici TOUT ce qu’il faut voir en Arménie mais simplement de partager mes expériences les plus marquantes de ma visite en Arménie !

Quand voyager en Arménie ?

Voyager en Arménie est totalement différent suivant la saison : l’hiver le froid se fait cinglant et assorti d’une neige abondante, l’été les températures peuvent atteindre 40*C et les paysages sont asséchés et désertifiés.

Pour ma part, le choix me parait évident : c’est l’été !

Je déteste les températures négatives, les ambiances frigorifiées et les vents mordants déboulant des montagnes enneigées.

Mes meilleures visites en Arménie (Est d’Erevan) ?

Le village de Garni n’est éloigné que d’une vingtaine de kilomètres de la capitale Erevan mais il faut un peu plus d’une heure pour s’y rendre (à vélo, il est préférable de prévoir environ 2h30 pour gravir le dénivelé important et découvrir ces collines souvent arides et dévastées par le soleil. Le retour ne prendra en revanche qu’une heure et demie).

La vue depuis le temple de Garni

Le temple de Garni est magnifique et exceptionnel. En effet ce temple aux dimensions modestes et équilibrées surplombe une vallée profonde et flanquée de falaises escarpées. Bâti sur un ancien palais du VIIIème siècle avant JC, et dédié au dieu Mihr, c’est le monument archéologique incontournable d’Arménie. La beauté grandiose du site et la parfaite préservation de ce temple gréco-romain du 1er siècle, permettent de retourner aisément plus de 20 siècles dans le passé ! Par la magie du lieu (et mon imagination débordante stimulée par l’afflux de dopamine pour cette première escapade post confinement), j’ai pu « entendre les clameurs » des festivités passées, « être le témoin » des ferventes processions et « participer » aux cérémonies et sacrifices organisés en hommage aux divinités vénérées ! Attention : comme la plupart des temples romains, l’intérieur du temple est extrêmement simple et même exigu avec seulement quelques mètres carrés ! Tout se situe à l’extérieur ! Les temples romains sont généralement dédiés à un dieu spécifique, représenté par une statue à la taille modeste voire par une simple statuette, ce qui contraste avec les statues souvent grandioses des empereurs et chefs militaires romains ( (Info pratique : entrée du temple 2,50 EUR) !

Le temple de Garni

Les confitures artisanales, proposées à la sortie du temple par de sympathiques vendeuses, sont absolument divines elles aussi. Agrémentées de larges morceaux de fruits, elles sont un délice incontournable, au goût unique et introuvables ailleurs.

En sortant du site, à gauche du temple, une ruelle pavée descend abruptement dans la vallée vers Les Roches symphoniques. Après ½ heure de cheminement et le franchissement de quelques barrières et clôtures, je rejoins ce site intrigant et très original. Mes rencontres successives avec plusieurs serpents (dont un surprenant de couleur jaune pastel !) qui se prélassent au soleil au milieu du sentier arboré, m’incitent vivement à vous recommander de vous munir d’un bâton de marche et de faire résonner vos pas sur le sol afin de les éloigner et de leur laisser la possibilité de fuir sans confrontation !

Le paysage est désormais complètement atypique et impressionnant : des roches basaltiques de formes principalement carrées ou rectangulaires, descendent vertigineusement vers le sol et ressemblent à des « orgues géantes ». Au printemps lors de leur migrations des centaines d'hirondelles construisent ou restaurent leurs nids pour, durant l’été, accueillir leurs petits. Le ballet incessant des parents et leurs piaillements constants résonnent durant toute ma visite sur ce site en lui apportant une dimension encore plus féerique et improbable.

En continuant quelques kilomètres vers l’Est, le monastère de Geghard sera la visite « religieuse » du jour. En Arménie, autant y être préparé, les églises, monastères et autres cathédrales chrétiennes, seront les principaux lieux de visites et d’intérêt : il sera difficile d’apprécier vraiment l’Arménie, sans aimer visiter ces sites chrétiens omniprésents et anciens, souvent du début du christianisme. Chaque arménien est fier de ces témoignages religieux qui caractérisent à ses yeux, ce pays comme le plus ancien pays chrétien au monde (les Georgiens voisins revendiquent toutefois également ce postulat et cette paternité !).

Ce splendide monastère du VIIème siècle se niche tout au fond de la vallée, le long d’un ruisseau paisible. Plusieurs grottes auréolées de légendes innombrables et dissimulées par une végétation verdoyante, baignent dans une fraîcheur qui contraste avec les sommets, arides et écrasés de soleil.

Dans l’enceinte même du monastère, la ferveur religieuse et la piété des visiteurs encensent l’atmosphère monacale des petites salles au sol rocheux. Empreinte de prières murmurées et d’espoirs susurrés, l’atmosphère est lourde et ténébreuse. Les nombreux cierges brûlants au fond des alcôves sombres et humides me plongent dans une réflexion profonde et me rappellent le film « Au nom de la rose » (avec Sean Connery). L’odeur entêtante et si particulière du papier d’Arménie, qui brûle en permanence, tente de dissimuler les mystères et complots inexorablement liés à ce lieu historique. Cette ambiance, presque palpable, demeure perceptible, plusieurs minutes après avoir quitté le site lui-même. A l’extérieur résonnent des mélopés très particulières que plusieurs anciens entonnent et partagent. Ce sont des chants traditionnels ancestraux accompagnés par les duduks et kamantchas, instruments de musique typiquement arméniens. Je ressens ce moment comme un rare privilège de mon séjour prolongé dans ce pays du Caucase.

Au sein du monastère de Geghard

Mes meilleures visites en Arménie (Nord-Est d’Erevan) ?

L’Arménie n’ayant aucune côte maritime, une des fiertés arméniennes est le lac Sevan, situé à une centaine de kilomètres à l'est de la capitale Erevan. Le week-end, ses plages privées sont prisées par les familles les plus aisées. Je suis donc impatient, après ces longs mois de confinement, de me prélasser sur ses rives et voire de m’y baigner gaiement. La pluie fine mais froide ne me permettra ni l’un ni l’autre. Je me contente d’un café-machine dans le seul « restaurant routier » resté ouvert dans la région en cette période de pandémie !

Breton (et donc habitué aux rives exceptionnelles du littoral de l’océan Atlantique) et habitant de Bali (qui s’enorgueillit de plusieurs plages idylliques), il me faut avouer que je ne suis pas particulièrement attiré par cette succession de « plages » privées. Elles ressemblent plus à mes yeux aux abords d’un marais, agrémentés de roseaux et de broussailles et sont dépourvues de sable.

Une terre de vieux volcans.

Mon périple sera assurément plus intéressant en continuant vers les montagnes du Nord Est et plus particulièrement en direction de Ijevan puis de Berd, près de la frontière Azerbaïdjanaise. La nature montagneuse et boisée de la région, ses villages plus typiquement nichés dans les vallées profondes, et la simplicité agréable des habitants rencontrés, m’enchantent radicalement.

Attention aux vaches solitaires et même parfois aux troupeaux entiers, qui divaguent librement, sans encadrement (barrière, chien ou berger), le long, voire même au milieu des routes. Il est fréquent de se retrouver avec un ou plusieurs ruminants monopolisant gaiement la totalité de la chaussée et interdisant, pour un temps, le passage du moindre véhicule. La prudence et la vigilance sont nécessaires sur ces petites routes tortueuses (comment rédiger en arménien un constat d’accident à l’amiable avec un bovidé errant sur la route ?).

Au marché du village, les quelques étals des fermiers locaux proposent des produits régionaux, en quantité souvent limitée et issus exclusivement de leur propre labeur sur cette terre ingrate et difficile. Les produits ne sont pas calibrés, préparés et avantageusement disposés comme sur les marchés plus citadins : Le marketing moderne mettra encore quelques années avant d’envahir ces lieux délicieusement traditionnels.

Certains, curieux de me voir en ce lieu, m’invitent par gestes, à contribuer économiquement à leur développement. Dans un brouhaha improbable et avec de nombreux gestes d’explications, quelques anciens se sont donné le mot et les voilà qui me proposent de goûter les produits locaux les plus divers et les plus inconnus. Je ne suis même pas certain qu’ils en consomment eux même tellement c’est très, mais alors très fort en goût ! J’ai immédiatement oublié les noms imprononçables de ces « spécialités culinaires locales » au contraire du goût amer et indéfinissable qui a persisté dans ma bouche, et ce malgré ma consommation assidue de figues savoureuses et juteuses destinées à couvrir cet horrible goût imprégné sur mes papilles (j’ai bien pensé appeler l’hypothétique service client mais il est probable, à la vue de la rusticité des vendeurs, que le service online ne pourrait rien pour soulager mes déconvenues gustatives !).

Un des complices du “crime”!

L’omniprésence de militaires sur ce marché me rappelle continuellement que la frontière avec le voisin Azerbaïdjanais détesté est très proche (environ 5 kilomètres) !

Malheureusement, le lendemain de mon périple dans ces contrées isolées et peu peuplées, j’apprendrai que plusieurs villages traversés la veille ont été le théâtre de combats déplorant au total une vingtaine de victimes de part et d’autres des deux belligérants.

Mes meilleures visites en Arménie (Nord d’Erevan)?

Depuis Erevan, il est possible de voir, au loin vers le Nord, la chaîne du Petit Caucase, montagnes enneigées toute l’année qui constituent la frontière naturelle entre l’Arménie et la Géorgie. Je suis passionnément attiré par cette région qui accueille le point culminant du pays : le volcan éteint Aragats (4090 m). Les paysages alentours sont désertiques et pelés et le volcan lui-même constitué de 4 pics n’est remarquable que par sa stature dominante qui surplombe tout le Nord du pays et particulièrement toute la plaine de Erevan. Stratovolcan éteint, dont la dernière éruption remonte à 5000 ans, il témoigne de l’activité sismique et volcanique intense de la région.

Mon arrêt dans la ville de Spitak est à ce titre très émouvant : en 1988, la ville fut entièrement détruite par un tremblement de terre (6,9 degrés sur l’échelle de Richter). Entre 25 000 et 30 000 personnes ont disparu et seulement 80 sont rescapées des décombres de la ville. La nouvelle ville qui tente de se reconstruire petit à petit, semble avoir de la peine à trouver le dynamisme, l’énergie ou même la quiétude, tant l’effroi de cette catastrophe reste encore présent dans chaque mémoire. Je me surprends à ressentir « la noirceur » ambiante qui m’interdit même de prendre la moindre photo de cet endroit détruit en moins de 8 secondes il y a déjà plus de 30 ans ! Difficile d’oublier pour ma part, que la vieille centrale nucléaire Metsamor (1973), considérée comme une des centrales les moins sûres au monde et utilisant l’ancienne technologie soviétique de type Tchernobyl, est située à moins de 30 kilomètres de l’épicentre du séisme dévastateur.

Serpentant au gré des collines et montagnes environnantes, et alternant les visites des nombreuses églises et bâtiments religieux constellant le paysage, les habitants des villages me reconnaissent aisément comme un « étranger de passage » car mon véhicule, simple et sans prétention attire cependant l’œil immédiatement : neuf (ce qui est complètement incongru dans ces contrées), il est de marque européenne, contrastant avec la norme absolue locale : l’antique Lada considérée comme pratiquement neuve si elle a été mise en service dans les années 80 !

Lada cars: a new religion or a myth?

Fier de mon nouveau statut mérité de voyageur patenté et reconnu, je me délecte sous les regards goguenards de certains villageois, à emmagasiner des dizaines de photos des nombreux sites religieux et des vieux monuments, souvent déserts et d’un calme apaisant. Assurément trop calme pour moi par cette chaleur écrasante, car il a favorisé mon assoupissement à l’ombre d’un cerisier… d’où je me réveillerai sous les bêlements intrigués des moutons et chèvres d’un troupeau mené par un berger goguenard et amusé en me découvrant là.

La magie des rencontres en voyage en solo ! Je parle bien sûr du berger car je dois bien admettre que ce réveil soudain confirme mes limites et lacunes manifestes en termes de communication avec des moutons bavant sur mon pique-nique !

Mes meilleures visites en Arménie (Ouest et Sud d’Erevan)?

La ville d’Erevan n’est éloignée de la frontière turque que par 20 kilomètres de plaine. C’est probablement le meilleur axe pour une randonnée facile à vélo car il n’y a ni colline ni montagne à franchir. Après seulement quelques kilomètres en dehors de la cité, les routes et les chemins sont peu fréquentés et permettent des balades à travers les vergers et les cultures agricoles, sur les terres les plus fertiles d’Arménie. Aucune difficulté jusqu’à la rivière Aros, frontière naturelle entre les 2 pays ennemis et aucun risque pour moi de franchir accidentellement cette frontière : la séparation de ces 2 « mondes » est un no man's land de plusieurs kilomètres de large.

Surmontée de part et d’autre de nombreux miradors et matérialisée par des clôtures menaçantes interdisant tout passage, cette frontière représente la fin du monde chrétien face au monde musulman. Les monumentales croix chrétiennes parsemées le long de la rivière rivalisent avec les nombreux minarets sur la rive opposée. Une ambiance « guerre froide » est partout perceptible et chacun de mes arrêts (à vélo ou en auto) sera l’occasion pour les militaires de contrôler mes intentions et pour moi de « montrer patte blanche » afin de pouvoir continuer mes pérégrinations.

Comme en Turquie, les nids des cigognes, perchés aux sommets des poteaux électriques de chaque village, sont omniprésents dans cette région de plaines chaudes du sud. Souvent en couple, depuis leurs promontoires, les cigognes toisent les rares passants tout en alimentant consciencieusement leur progéniture gazouillante. Leurs vols gracieux et tournoyants au-dessus des champs de cette plaine arménienne m’apportent encore et toujours une joie intense, presque enfantine, au sujet des cigognes (ce sont bien les cigognes qui transportent les bébés à leur naissance, non ?).

Plus au sud, l’église de Khor Virab est non seulement un énième site religieux très spectaculaire mais aussi un lieu historique majeur et remarquable (info pratique : entrée 3 EUR).

Sa position surplombant la plaine permet d’avoir une vue imprenable sur la Turquie, l’Iran et la République autonome du Nakhchivan (Azerbaïdjan), le tout dominé par les 2 sommets turcs du mont Ararat (volcan supposé abriter l’Arche de Noé !) et ses neiges éternelles. La majesté du site est amplifiée par son histoire et ses nombreuses péripéties, ainsi que par les légendes et épopées qui en découlent. Saint Grégoire est supposé avoir survécu à son emprisonnement dans les douves souterraines pendant 13 ans avec les mains et les pieds liés pendant tout son séjour… Encore visibles actuellement, elles étaient à l’époque emplies de serpents, reptiles venimeux et autres scorpions !

Je suis toujours curieux pendant mes pérégrinations, de découvrir de nouvelles idées et démarches commerciales astucieusement déployées par les vendeurs auprès des touristes. Dans ce domaine, les Égyptiens près des pyramides, les Turcs d’Istanbul, mais aussi les Grecs près des ruines archéologiques et les Américains (partout même quand il n’y a rien de particulier !), sont parmi les plus innovants. Sur le site de Khor Virab, plusieurs malins vous proposent, pour quelques euros seulement, de procéder à un « lâcher de colombe ».

Ce symbole de paix international prend sa place de manière presque émouvante en cette zone frontière entre l’Arménie et la Turquie, pratiquement à l’ombre des miradors installés à quelques centaines de mètres. Votre « acte d’achat », est donc devenu un « acte de paix » qui est supposé vous garantir de plus, chance, bonheur et succès dans vos affaires futures !

St Gregoire

Le vulgaire pigeon (et non pas une colombe !) que vous allez élire, s’envolera au-dessus de l’église et reviendra en quelques minutes à son point de départ initial, sa maison quoi ! Le rêve de tout développeur en marketing-produit : le produit qui revient sans frais à son vendeur est réutilisable à volonté tout en assurant un revenu facile à son propriétaire. Il ne nécessite qu’un coût de fonctionnement minime et il devient au final un bon repas familial (Info pratique : envol du volatile entre 5 et 7 EUR suivant votre aptitude à la négociation). Que ne ferait-on pas pour aider à la Paix dans le Monde, pour voir tous ses vœux exaucés et accessoirement pour permettre à un pigeon grassouillet de se dégourdir les ailes ?

Choisissez votre façon d’aller vers le Sud

Plus au Sud, le village de Yeraskh est désuet et composé de 3 maisons et 5 magasins-bazars-pompe à essence-café-boulangerie… L’ambiance complètement improbable de no-mans-land en ce point de rencontre des frontières Arméniennes, Turques, Iraniennes et de la République autonome du Nakhitchevan (Azerbaïdjan) me rappelle les vieux westerns américains et ses villes fantômes, parcourues par de secs buissons d’épineux.

Abeille butinant un chardon

Sur les très proches hauteurs alentours, les postes de guets (et de tir !) des différentes armées sont disséminées dans des miradors, des tranchées creusées au bulldozer, et cernées par des champs de mines et des parapets de protection, etc… En marchant dans le village, je me surprends à courber l’échine pour ne pas être la cible des probables snipers de tous bords qui voudraient faire un « carton » sur ce français égaré ! Comme aucun chien, chat ou même cigogne ne traîne dans ce coin balayé par le vent chaud de Juillet, je me méfie !

Laissant les soldats du détachement de l’armée russe chargés de faire respecter le cessez-le- feu patrouiller fièrement dans leurs jeeps 4x4, sur les routes et chemins serpentant les collines, je m’éloigne rapidement de ce lieu chargé de tensions internationales.

La route continue vers les hauteurs du Sud encadrée par de très hautes digues en terre qui sont supposées protéger les véhicules de l’observation des soldats en faction sur les différents sommets. Les postes de tir camouflés, espacés de 100 mètres reflètent la nature des controverses territoriales locales alors que la majorité des poids lourds peinent à grimper vers le col en direction de l’Iran. Il est surprenant de traverser ce minuscule territoire Azerbaidjanais de Tigranashen, village enclavé au sein de l’Arménie : 3 kilomètres carrés de terres arides, avec 2,5 maisons délabrées et une école désertée. Les cactus et autres herbes épineuses et desséchées sont les seules preuves de vie d’où n'apparaît aucun habitant.

Les nombreuses tombes et croix disséminées sur le bord des chemins témoignent de la fureur des combats passés. Je m’interroge dès lors sur l’absurdité humaine qui engendre tant de vies brisées et de familles endeuillées afin d’obtenir la gestion d’une steppe décharnée et famélique n’ayant pas d’autre intérêt que de vagues causes nationalistes !

Ils ont combattu pour cette colline!

Le versant Sud du col est un désert montagneux traversé par de profondes vallées à peine plus verdoyantes. Des étals, souvent tenus par des adolescents désœuvrés, longent la seule route praticable (désignée « Highway » sur les cartes !) et proposent aux rares véhicules qui l’empruntent, des fruits, des confitures et plus prosaïquement des produits locaux…

Sur la route du Sud...

Cette région produit également les vins arméniens les plus réputés, fierté de tous ses habitants. Bien entendu, les églises « historiques » et typiquement arméniennes restent à visiter aux détours d’une vallée ou d’un piton rocheux ainsi que plusieurs grottes préhistoriques (extraordinaires et riches en artefacts anciens), cascades majestueuses et parcs nationaux (avec des ours bruns et des loups bien sûr mais aussi la plus rare panthère du Caucase ou le léopard de Perse).

Cependant, à partir de Kapan et encore plus de Kunajaran, les rares villages envahis par des troupeaux indisciplinés de chèvres multicolores aux oreilles tombantes jusqu’au sol, témoignent de plus en plus d’inspirations persanes et rappellent que la frontière iranienne est au bout de la route.

Les convois de camions citernes aux plaques iraniennes qui lourdement chargés remontent vers le Nord, confirment que l’embargo imposé par les USA est allègrement contourné et transgressé de ce côté-ci du monde.

Camion citerne plein de pétrole d’Iran: quel embargo?

En résumé : (ce ne sont que mes avis personnels !)

Répétez après moi: PTGHUNK!

Quand faut-il voyager en Arménie ?

Il faut voyager en Arménie entre Avril et Septembre.

Quels sont les lieux à visiter en Arménie en hiver ?

Les lieux à visiter en Arménie en hiver peuvent se résumer à :
Erevan la capitale
Les 3 sites de ski du pays : Tsakhkadzor -27 km de pistes-, Jermuk -3 km de pistes- et Akhtamar -2,5 km de pistes-.

Quels sont les lieux à visiter en Arménie en été ?

Les lieux à visiter en Arménie en été sont beaucoup plus nombreux et reprennent tous les lieux cités et soulignés dans les paragraphes précédents.

Quels sont les 3 lieux à visiter en Arménie ?

Que faut-il emporter en Arménie ?

Il faut emporter en Arménie les mêmes indispensables que pour vos voyages dans d’autres pays. Cependant dans la mesure où le niveau de vie en Arménie est faible et qu’à Erevan vous pouvez trouver tout ce que vous voulez à des prix très compétitifs (particulièrement pour les vêtements et chaussures), il sera probablement beaucoup plus intéressant de ne pas vous charger inutilement depuis votre pays et d’acheter sur place le nécessaire pour votre séjour (quitte à les vendre lors de votre départ ou à les laisser sur place à vos plus sympathiques rencontres amicales).

Conseils pratiques pour circuler en Arménie

  • Avoir une bonne assurance couvrant vos frais et ceux des tiers. Attention, une franchise importante est généralement appliquée (Pour info : +/- 500 EUR au minimum) !
  • Les loueurs de véhicules sont implantés uniquement à Erevan. Prenez vos précautions !

Camion ou velo pour les steppes arméniennes?

  • En cas d’accident, NE PAS DEPLACER votre véhicule mais le laisser EXACTEMENT à l’endroit de l’impact ! Si le véhicule est déplacé (même de seulement quelques mètres pour laisser le trafic s’effectuer avec fluidité par exemple) les assurances n'interviendront pas et vous serez dans l’obligation de payer tous les frais ! En rase campagne, alors que je conduisais tranquillement, 2 véhicules qui s’étaient heurtés violemment plusieurs jours auparavant, demeuraient immobilisés en plein milieu de la chaussée, abandonnés par leurs conducteurs dans leurs positions respectives post-impact et représentaient un danger de suraccident indéniable.
  • Les stations-services sont nombreuses et traditionnellement à des tarifs très similaires (Pour info : 0,60 EUR par litre en Août 2020).

As tu vu le berger?

  • Les limitations de vitesses sont variées et difficiles à comprendre et à appréhender car les panneaux indicateurs de ces limitations sont rares. La vitesse autorisée peut varier suivant la voie utilisée sur le même axe. TOUTES les villes et villages ont des contrôles fixes et automatiques de vitesse : le premier jour, j’ai été surpris par plusieurs flashs de radars aux endroits les plus inattendus, me rendant plus vigilant les jours suivants. L’hypothèse de paparazzis me mitraillant au passage n’étant pas crédible, il est devenu de plus en plus évident que le loueur d’autos me ferait des misères au retour du véhicule!

Porsche Cayenne à 7000 usd: tu es sérieux?

  • Il est vraiment surprenant de constater le nombre très important de véhicules de luxe à Erevan : peu d’autres villes au monde concentrent un pourcentage si élevé de voitures de grosse cylindrée (+/- 80% des immatriculations de la capitale), souvent de luxe, souvent allemandes, alors que le nombre de kilomètres de bonnes routes dans le pays est extrêmement limité (peut-être 100 kilomètres au total sur toute l’Arménie ???). Les différentes explications recueillies présupposent une organisation de trafic de voitures d’occasion (ou volées ?) provenant d’Allemagne et d’Italie souvent par l’intermédiaire de « mafias organisées » russes, arméniennes ou géorgiennes, le nec plus ultra étant d’avoir des plaques d’immatriculations personnalisées avec des chiffres choisis. Certains proclament d’ailleurs que les prix de ces plaques personnalisées peuvent dépasser le prix du véhicule lui-même !

Une longue route depuis la Russie: vacances ou business?

Numéros porte chance pour toi?

Les voitures d’occasion en provenance du Japon sont facilement reconnaissables car le volant est à droite ; dans une circulation à droite, le challenge de conduire ce type de véhicule devient inapproprié voire extrêmement risqué (surtout lors des dépassements).

La religion en Arménie

La religion en Arménie en une phrase et quelques chiffres :

Le pays le plus chrétien au monde !

Christianisme : 98,87%

Islam : - de 500 personnes (1,6 pour 10 000 en 2018)

Judaïsme : - de 300 personnes (1 pour 10 000 en 2018)

L’omniprésence de la religion chrétienne en Arménie est indéniable, partout visible et revendiquée unanimement par chacun. Cela engendre à mon avis une grande partie des conflits avec ses voisins immédiats, majoritairement musulmans (Turquie, Iran et Azerbaïdjan). Pour chaque Arménien, la plaie morale consécutive au génocide Turc (1915-1923) reste omniprésente et particulièrement douloureuse (l’empire Ottoman de l’époque ayant provoqué la mort de plus de 1 000 000 de personnes, principalement arméniennes).

Les principaux sites touristiques et lieux de visite, sont des églises, des ruines d’églises ou d’anciennes cathédrales ainsi que les monuments commémorant le génocide !!! A moins d’être férocement enclin à étudier le christianisme (majoritairement apostolique « version ancienne et rigoriste »), l’intérêt d’une nouvelle visite d’église, après les nombreuses déjà effectuées, s’estompera radicalement.

L’Arménie qui se prétend (en concurrence avec la Géorgie voisine) le premier pays devenu chrétien au monde (au 3ème siècle après Jésus Christ bien entendu !!! ), est voisine à l’Ouest de la Turquie, à l’Est de l’Azerbaïdjan et au Sud de l’Iran, et tous ces pays sont musulmans. Seule la Géorgie au Nord est elle aussi chrétienne.

L'église de Zvarnots: la plus ancienne au monde?

Les cérémonies dominicales réunissent une foule nombreuse de fidèles, témoignant d’une dévotion particulière et très démonstrative. C’est aussi le moment de relations sociales savamment organisées par les prêtres, et ainsi les « afters cérémonies » peuvent durer plusieurs heures sur les parvis des églises ou alentour. 

Les chants et prières des fidèles, graves et mélodieux, pendant les messes, sont amplifiés par le langoureux tempo des cloches retentissantes.

COVID en Arménie

De tous les pays du Caucase (Géorgie et Azerbaïdjan) l’Arménie est le pays ayant subi le plus dramatiquement cette contagion. Le nombre de victimes liées au COVID19 par millions d’habitants, a été notoirement plus élevé pour l’Arménie que pour ses voisins. Malgré les consignes d’un confinement très strict, les habitants n’ont respecté les mesures exigées que quand la police a effectivement verbalisé les contrevenants.

Street Art (Yerevan 2020)

Dans la mesure où le nombre de policiers à tendance à diminuer pendant le week-end (et surtout le dimanche), les habitants n’ont appliqué aucune consigne pendant les week-ends tout en reprenant les « bonnes manières » durant la semaine. Le dimanche est le jour des rencontres familiales et des agapes entre amis. Les conséquences de ce laxisme global : une propagation plus longue et plus dramatique que pour tous les pays voisins et le port du masque obligatoire et imposé pendant plus longtemps ; même les conducteurs seuls dans leurs autos devaient porter leur masque !!! Les contrôles routiers effectués par les forces de police resteront d’ailleurs, pendant tout mon séjour, focalisés exclusivement sur le port de ce masque !

Il est probable que le système scolaire local apprend à chaque arménien que le nez n’a AUCUNE fonction respiratoire : explication avancée qui pourrait expliquer que la majorité des personnes rencontrées ne mettait pas le nez à l’intérieur de leur masque (ou alors, les nez arméniens sont définitivement plus imposants et ont de la peine à rentrer dans les masques de protection, comme le mien d’ailleurs !).

Il est impressionnant aussi de voir que, pour parler au téléphone en public, chacun ôtait systématiquement son masque ! L’ultime astuce (pour éviter de porter le masque dans la rue) sera soit de fumer (clope sur clope) ou prétendre boire un café (ou toute autre boisson) dans la rue, rendant impossible la verbalisation par la police.

Les faibles capacités sanitaires et les moyens désuets des hôpitaux publics arméniens confrontés à l’afflux incessant des patients, transportés continuellement par des ambulances aux sirènes hurlantes, ont rapidement rendu la situation hors de contrôle. Le premier ministre, lui-même infecté, a sollicité l’aide internationale. Des équipes médicales, principalement russes et françaises, sont intervenues en juin et en août 2020.

Pendant toute la période de crise, les messages émis régulièrement par les hauts parleurs des véhicules de la protection civile qui sillonnent chaque rue de la ville, renforcèrent le sentiment d’insécurité et d’incertitude lié à cette période. Au ton autoritaire et sans appel, il était facile de ressentir la martialité du message même sans en comprendre un traître mot.

Equipe COVID en action et affiches COVID (Uniquement en arménien)

Points importants en Arménie

La population semble peu ouverte sur le monde extérieur et exclusivement focalisée sur l’Arménie. La population parait globalement raciste, xénophobe et homophobe, et il n’existe que de très rares mixités communautaires ou religieuses.

Combien de fois m’a-t-on demandé (et souvent avec gravité et dégoût) pourquoi la France accueillait tant d’étrangers sur son sol national et bien entendu, pourquoi des « noirs » jouaient dans l’équipe de France de football (oubliant donc que la France a accueillie, en son temps, bon nombre d’Arméniens persécutés ou d’Arméniens en recherche de meilleures conditions de vie, telle que la famille de Charles Aznavour par exemple !) ?

Même si l’Arménie est un pays d’Asie, les Arméniens sont de type caucasien. Les rares personnes d’origine asiatique rencontrées (type asiatique ou indien) à Erevan (et aucune en dehors de la capitale) sont très discrètes et se déplacent rarement seules dans les rues.

Les hommes semblent un peu moins machos que dans les pays alentour (Géorgie, Azerbaïdjan ou Turquie) et les femmes semblent plus autonomes voire plus libérées.

Le pays est toujours dans une ambiance de guerre et de conflits. Tous les jours, les passages assourdissants des jets et hélicoptères de l’armée de l’air arménienne au-dessus de la capitale, vous interpelleront probablement. Il est vrai que la base aérienne est insérée dans le tissu urbain d’Erevan, à côté de l’aéroport international. Pendant mes balades à vélo à la périphérie sud de la ville, il était fréquent d’entendre les détonations des obus et des armes plus légères des centres d’entrainements militaires alentour. Dans la région Est ainsi que plus au Sud aux abords du Haut Karabach et du Nakhchivan, les lents convois de véhicules militaires peuvent ralentir le trafic et révéler un équipement souvent ancien de l’ère soviétique.

PS : Décembre 2020. Une guerre sanglante, éclata quelques jours après mon départ d’Arménie provoquant la mort de plusieurs milliers de victimes.

Démonstration aérienne pour le jour national (9 Mai 2020)

Reviews
Christophe
12/02/2021
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super interessant ! meilleurs moments pour moi : archeologie et vie des hommes

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Sophie Soitel
28/01/2021
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👍

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LAURENT Daniel
24/01/2021
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Très intéressant. J´ai appris beaucoup de choses sur ce pays grâce à ces documents trés vivants et à ce récit clair et documenté. Bravo Pierrick ! Amitiés Daniel

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Pierrick
27/01/2021
Avec plaisir Daniel. Mes amities)))
T.Vincent
23/01/2021
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Merci ,pour ce voyage imagé en Armenie

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Pierrick
27/01/2021
Heureux de te donner la possibilite d'en savoir un peu plus sur ce pays meconnu! :)
Pierrick
27/01/2021
Heureux de te donner la possibilite d'en savoir un peu plus sur ce pays meconnu! :)
 

 

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